J'm'en vais vous narrer une petite tranche de ma misérable existence. Comme je suis un peu réactionnaire sur les bords, j'ai pour habitude de crier haro sur tous les lieux gays uniquement destinés au sexe. Autant je peux comprendre que les gens aient besoin de baiser et se rencontrent dans des lieux qui leurs sont destinés avant d'aller consommer leur rencontre chez eux ou dans l'appartement de leur conquête, autant le concept de lieux de baise reste hors de ma compréhension.
Le fait est que ces affaires sont en tout cas assez florissantes puisque l'homosexuel moyen est réputé avoir une vie sexuelle plus "riche"et un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne. Plein de mes préjugés, j'avais quand même décidé (plus histoire de pouvoir critiquer en pleine connaissance de cause que dans le but de changer d'avis d'ailleurs) d'aller faire un tour dans un sauna gay pour voir de plus près ce qu'il s'y passait. Pour ceux qui l'ignoreraient, un sauna c'est comme une backroom (ces arrières-salles de bar ou ces sous-sols de boîtes dédiés à la pratique du sexe sous toutes ses formes) en plus mouillé et plus moite. En même temps, comme je ne suis jamais allé dans une backroom (c'est pas exclu que j'y aille un jour, même si paradoxalement, l'expérience du sauna m'a un peu refroidi, ce qui est un comble lorsque l'on sait quelle chaleur il y fait),il m'est difficile de faire une comparaison.
Bref, comme j'avais un peu la trouille d'y aller seul, je me suis fait accompagner par un ami. Il est largement plus familier que moi de ce genre d'endroits, ce qui est toujours bienvenu étant donné mon ignorance des us et coutumes de ces lieux. On avait choisi un sauna plutôt haut de gamme, donc présumé plus propre et moins glauque que d'autres établissements du même genre. Plus cher aussi, parce que 22 euros l'entrée, ça fait mal au cul, avant même d'avoir pénétré dans le sauna.
Dès ma sortie des vestiaires, dans lesquels j'ai pris la précaution d'enfiler.... un maillot de bain, je me sens mal à l'aise, d'autant que le peu de mecs présents ce sor-là, y compris mon ami, ne portent pour seul vêtement qu'une petite serviette blanche nouée autour de la taille. Mon manque d'aisance est aggravé par la remarque, certes faite sur un ton sympathique, par un employé qui m'indique que je peux garder mon maillot de bain, sauf dans le jacuzzi, dans lequel je dois obligatoirement me glisser à poil. Ca y est, j'étais grillé, il a du me cataloguer comme une sorte de novice qui n'avait jamais foutu les pieds dans un sauna et qui venait se donner quelques pauvres sensations sans pour autant avoir envie de faire quoi que ce soit de sexuel. Si c'est ce qu'il s'est dit, il a visé en plein dans le mille!
Bref, il n'y avait vraiment pas grand monde dans ce sauna ce soir-là, pusque j'ai du croiser en tout et pour tout 7 mecs. L'endroit n'est pas désagréable, assez joli, avec une décoration qui se la joue un peu bains romains, et d'une propreté tout à fait acceptable. En même temps,ça aurait vraiment été inadmissible que ce soit sale vue la faible affluence. Deux types sont dans le jacuzzi, ils ne me plaisent pas et pour couronner le tout, mon sexe prend des proportions ridicules sous l'effet de la chaleur moite et de mon appréhension. Le jacuzzi est au rez-de-chaussée, la lumière y est faible mais tamisée donc suffisante. Au premier étage, un mec black mate un film porno gay affalé sur un banc...... Ensuite, on tombe sur les hammams et les saunas. La lumière y est faible, voire inexistante dans le hammam. Je crois que ce que je trouve le plus glauque dans ce genre d'endroits, hormis le parfum de solitude qui émane de tous ces mecs à la recherche d'une rencontre sexuelle furtive, c'est l'obscurité, comme si ce qui se fait dans ce genre d'endroits ne devait pas être vu. Je ne comprends pas comment ils peuvent baiser dans le noir, puisque d'une part, ils ne voient rien de ce qu'ils ont attrapé et que d'autre part, l'usage de préservatifs dans ce genre de circonstances me paraît assez aléatoire.
Je suis allé m'isoler dans un sauna, quand un type très quelconque y est entré. Il a commencé à s'essuyer avec sa serviette, à poil forcément. Je me suis senti de plus en plus mal à l'aise, car je n'avais pas envie d'être obligé de le jeter s'il s'approchait de trop près. En effet, il est difficile de se plaindre de se faire aborder dans ce genre d'endroits, vu que la plupart des gens qui s'y rendent ne cherchent qu'à tirer un coup. Fort heureusement, mon dédain et ma tête tournée dans la direction opposée à la sienne ont suffit à le mettre en fuite.
La leçon que j'ai tirée de cette soirée, c'est que le sauna, c'est nase et pas donné. Je ne sais pas comment les choses se seraient passées s'il yavait eu davantage de monde. On peut raisonnablement penser qu'au pire, j'aurais fini par voir des gens réellement baiser et que j'en aurais été plus refroidi encore, ou peut-être excité après tout. Mais quoi qu'il en soit, je suis quasiment certain que je n'aurais pas pu faire quoi que ce soit, même avec un mec qui m'aurait beaucup plu. Ce genre d'endroits ne colle pas avec ma notion des relations humaines et c'est une chose de rencontrer un gars et de coucher avec lui le premier soir dans son appartement après avoir fait connaissance, c'en est une autre d'avoir un rapport sexuel avec un parfait inconnu, sans échanger le moindre mot et sans craindre d'être exposé au regard d'autres personnes. Je reconnais que sur le papier, la différence n'est pas flagrante mais dans la réalité, c'est une autre histoire.
En gros, je doute que je remettrai les pieds dans un sauna avant un sacré bail car étant donné mon malaise dans un établissement plutôt agréable, je n'ose imaginer comment je me comporterais dans une backroom sombre et glauque, dans laquelle des gens baisent devant le regard des autres sans aucune retenue et dans laquelle règnent des odeurs de sperme, de bite, de pisse, voire pire. Comme disait Bob, ce monde est décidément trop primaire pour moi.
Petite précision en guise de préliminaire, l'article qui suit est une reprise de commentaires que j'ai laissés sur le blog de butterfly. Désolé par avance pour ceux qui ont déjà lu le contenu qui suit mais j'y ai ajouté quelques éléments portant sur ma vie professionnelle. Il s'agira donc juste de faire le tri, ;-)!
L'origine du débat consistait dans un article de Papillon sur le stress qu'il ressent à cause de son boulot. Là-dessus, un débat s'est ouvert sur l'arbitrage qu'il convenait de faire entre sa vie privée et sa vie professionnelle. Certains lecteurs (voire la quasi-totalité...) étaient partisans de la théorie selon laquelle le boulot n'est qu'un gagne pain et qu'il faut donc toujours privilégier sa vie privée à sa vie professionnelle, présentant cette opinion comme une sorte d'évidence partagée par la majorité. Je ne partageais pas totalement cet avis ce qui a donné les échanges suivants.
OK, chuis célibataire donc niveau vie personnelle, je ne suis pas spécialement surchargé. Néanmoins, voir son travail comme un gagne-pain est un peu réducteur. Il ne faut pas oublier que dans vie, on bosse plus ou moins 40 ans, donc que la vie professionnelle est bien plus longue que la grande majorité des relations amoureuses (spécifiquement chez les gays, sans vouloir jouer les aigris blasés ni porter la poisse à quiconque, ;-)!
De plus, on passe plus ou moins 9 heures par jour au boulot en comptant le déjeuner donc si l'on s'y fait chier, notre vie peut devenir très pénible même si l'on est par ailleurs épanoui sur le plan personnel. Chais pas si c'est les 35 heures ou autre chose, mais même si je comprends que l'on veuille mettre l'accent sur sa vie personnelle, il ne faut pas oublier que c'est grâce à l'argent gagné avec son travail que l'on peut avoir des loisirs. La valeur du travail, le goût de l'effort, essayer de progresser, d'avoir toujours un but ou une perspective d'évolution en vue, je trouve que c'est très important. L'idée de végéter professionnellement m'est insupportable.
Cela dit, je rassure tout le monde, jamais je ne suis arrivé au boulot aux aurores et sans doute que cela ne se produira jamais. Je pense d'ailleurs être en général moins impliqué dans mon boulot que Papillon même si j'apprécie autant mon taff et mes collègues (dont certains sont aussi et surtout des amis) que lui.
Bref, y'a pas de vérité absolue en la matière mais je crois que si tout le monde ne faisait que privilégier sa vie personnelle, les gens seraient peut-être plus heureux mais le pays avancerait moins vite. Il faut des ambitieux, des défricheurs, des précurseurs, des gens qui osent, qui prennent des risques, qui créent, qui innovent pour que la France reste (redevienne) dynamique.
Dans la suite du débat, je me suis senti obligé d'apporter quelques précisions par rapport aux réactions suscitées par mon commentaire. Je précise une fois encore que je ne prétends pas détenir la vérité absolue et que chacun peut avoir son propre point de vue.
D'une part, sur un plan statistique, je doute que les relations homos qui durent 40 ans soient très nombreuses. Ce n'est pas un sentiment mais un fait évident, et pour cause. Les homos n'ont pas le mariage ou les enfants pour les maintenir auprès de leur conjoint, s'ils veulent se faire la malle, rien ne les en empêche et ils ne s'en privent d'ailleurs pas. Je n'ai pas le sentiment de faire des généralités, ni d'être réducteur. D'ailleurs, je ne fume pas les bigorneaux et je précise que chuis moi-même gay, alors que l'on ne fasse pas le procès de l'homophobie, ce serait se tromper de personne. D'autre part, il est aussi possible de s'investir dans son travail sans pour autant compromettre sa relation amoureuse. Lui donner la priorité, certes, mais pas lui accorder une exclusivité totale. Après tout, le manque suscite le désir quand il est savamment dosé.
De plus, pour moi, l'investissement professionnel n'a pas seulement pour but la prospérité de la patrie, mais aussi le bien-être de l'individu (POUR MOI EN TOUT CAS). Je suis content de me dire que j'ai des perspectives d'évolution et je ressens de la satisfaction quand je parviens à assumer mon travail avec brio. Et je n'aime pas cette image des dents qui rayent le parquet, comme si un minimum d'ambition devait systématiquement être regardée avec méfiance, voire avec mépris. On peut être un peu ambitieux sans pour autant en faire une obssession ni vouloir écraser les autres pour atteindre ces objectifs.
Enfin, je ne suis pas d'accord avec ceux qui affirment que tout le monde voit son travail comme un gagne-pain. Je ne cherche pas à dire que tout le monde est ambitieux en France mais dire à l'inverse que personne ne l'est ne me semble pas correspondre à la réalité. Affirmer cela me semble être une généralisation abusive.
Le travail ne sert pas qu'à la retraite, heureusement. Si tous les entrepreneurs et les chercheurs avaient pensé ça, on ne serait pas allé bien loin. Pour le pays (là, c'est pas le bien-être de l'individu, OK), il faut des gens qui cherchent, qui se dépassent, qui innovent. Et pour moi, le travail est un moyen de s'épanouir, de trouver une place, une utilité dans la société, de rencontrer des gens, d'échanger des idées, de comprendre certains enjeux économiques ou sociaux, etc, etc... Ca ne sert pas qu'à la retraite. Encore une fois, ce n'est que mon avis et je n'ai pourtant pas l'impression d'être un extra-terrestre.
A partir de maintenant, l'article est garanti sans conservateurs (sauf moi, lol!) ni éléments recyclés d'un autre blog. Initialement, je voulais juste parler du fait que je me sentais très bien dans mon boulot mais réflexion faite, je me suis dit qu'il était bon de généraliser un peu le contenu de l'article et d'élargir son objet. Car OUI, je suis heureux dans mon travail. J'appartiens à la fonction publique et je ne vois pas uniquement mon boulot comme un gagne-pain parce que je m'y sens bien.
Hormis le fameux chef sur lequel j'ai fait un article un peu péjoratif (il n'est pas si affreux que ça la plupart du temps), je m'entends bien avec l'ensemble de mon entourage professionnel. Pendant ma formation d'un an à Montpellier, je me suis lié d'amitié avec plusieurs collègues de promotion. Je me félicite réellement de les avoir rencontrés et je suis certain que l'on restera amis même si nos trajectoires professionnels sont amenées à diverger. Dans mon boulot même, j'ai également fait la connaissance de personnalités très attachantes (dont Bob ze Flash n'est d'ailleurs pas la moindre) et je peux dire que le matin, je vais travailler avec plaisir. J'ai de surcroît la chance d'exercer une profession qui m'intéresse, avec une certaine indépendance, et de bénéficier d'un bon salaire. Je relativise donc mon avis en ayant conscience de la chance que j'ai et du fait que tout le monde n'a pas le même privilège.
Le plus beau dans tout ça, c'est que bien que mon boulot m'intéresse et que je m'y sente bien, je ne suis pas pour autant amené à passer toutes mes soirées à mon travail. Il y a parfois quelques coups de bourre, comme dans toute profession j'imagine, mais jamais jusqu'à présent je n'ai été obligé d'annuler une soirée ou une sortie quelconque pour cause de surcharge de travail.
Je terminerai sur quelque chose d'anecdotique. Ma meilleure amie a parfois des invitations pour des pièces de théâtre qui sont proposées par une société de prestations de services pour les entreprises et qui tournent autour du rapport que les gens ont avec leur boulot. Nous n'en avons encore vu qu'une mais j'avais trouvé que beaucoup de comportements typiques que l'on rencontre dans les entreprises et les administrations étaient dépeints avec beaucoup de réalisme et cependant avec beaucoup d'humour également. Je repense ausis à la chanson d'Henri Salvador, et sa fameuse phrase "Le travail c'est la santé, ne rien faire, c'est la conserver". Le tout est de savoir si l'oisiveté est consentie ou si elle est subie. Le sentiment qu'elle génèrera chez celui qui en sera l'objet ne sera alors pas du tout le même. Cette phrase doit d'ailleurs laisser sceptique tous les demandeurs d'emploi qui se battent chaque jour pour trouver un boulot........